La nature des hommes

dimanche 9 août 2009

Les couilles de la terre...

- Un dessert ?
- Apportez-moi la carte.

Ce midi, à la terrasse de mes bords de mer, j’ai mangé une Banane de Martinique.
Depuis que les docteurs coupent à tour de bras les couilles à mon grand-père, à mon tonton et à mon frère, je ne mange que de la Banane de Martinique, car rien ne peut l’abattre. Et surtout pas le chlordécone, cette merde de pesticide qui la fait pousser en ne laissant aucune trace dans sa chair jaune. Qu’il grève, qu’il cyclone ou qu’il chlordécone, ma banane se porte bien. Mais pas mes ignames, ni mes patates douces, ni mes autres légumes enterrés... Pas mes poissons, ni mes kribiches, ni même mon eau de source... la faute à ce même chlordéconne !

Mes hommes eux ont mangé-pays sans se douter que, depuis 30 ans, l’espèce humaine martiniquaise était sciemment mise en danger : depuis les pieds des bananiers, le Chlore Malin cheminait par les terres et les eaux pour aller s’infiltrer jusque dans leurs petites affaires poilues. Eh bein bon ! S’ils avaient su, ils auraient fait un régime de bananes. Ti-nain-lan-mori le matin, plantain sauce chien à midi, figmi au dessert, frécinette au goûter, makandja gratinée au dîner, banane Baker autour des hanches à minuit, la vie est belle, banane sur les lèvres et graines saines.

De toutes façons, ca fait longtemps que les graines de mes hommes sont coupées. Surtout celles de mes hommes politiques. Alors qu’on leur en coupe une de plus ou de moins… Ils peuvent continuer à avaler des couleuvres d'eau douce : sous le soleil, les colères fondent si vite et les enjeux sont si personnels…

Homicide volontaire de la terre martiniquaise. Où est le coupable ? Dans ma coupelle, ma banane s’étale, le sourcil-circonflexe avec l’arrogance de ceux qui ne voient même pas de qui on parle. "C'est pas moi ! Le chloredécone, c’était un médicament pour moi !" Syndrome du conducteur qui roule au rhum, provoque un accident et n’a aucune séquelle. Tant pis pour les 4 occupants de la voiture d’en face, morts. Circulez, y'a rien à voir dans mon assiette. Ne touchez pas à ma banane, ni au planteur. Il fallait bien qu'il écoule son stock. Tant pis pour les victimes : après tout, ce ne sont que des hommes, ce n'est qu'une terre... On peut bien lui pourrir les couilles à ma terre, quand il n'y en aura plus, pas même pour terrer les morts, les planteurs s'en iront coloniser d'autres Indes et planteront sur les friches d'ici, un peu plus de supermarchés. Quand il ne restera plus que les ignames de Bruxelles, l’eau de Lourdes, toutes les choses des ailleurs importées, nous, nous en irons jouer les figurants au théâtre des Ombres, .
En attendant l’éclatement des 200 000 prostates restantes, j'ai hèlé le jeune serveur aux graines encore hautes.

- Garçon ! Une banane flambée. Et un verre d'eau s'il vous plaît.
- Ce sera tout ?
- Sans chloredécone, l'eau.
- Sans chlordécone, c'est 2 euros de plus.

Tous les jours, à la terrasse de mes bords de mer, je goûte les fruits au goût amer de ma terre dérespectée.

2 commentaires:

  1. le chlore qui deconne, encore une nouvelle cata-sanitaire en vue...
    La liste des aliments suspects s'allonge.
    Domage pour la banane, je l'aimais bien, je la trouvais sympa.
    j'ai pas de couille mais j espere que j'aurais le courage de ne pas en manger.

    bises
    c moi Ag!

    RépondreSupprimer
  2. humain en perte de sens
    la religion du pognon a transformé l'outil en tueur.
    bises
    françois

    RépondreSupprimer